25 novembre 1960 : En souvenir de Patria, Minerva et Maria Teresa

Par Pierre Franklin Tavares|25 novembre 2014|Actualités, Monde

Les sœurs Mirabal (D.R)

Les sœurs Mirabal (D.R)

En cette journée mondiale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes, comment donc oublier, les « Papillons », le surnom donné aux sœurs Mirabal : Patria, Minerva et Maria Teresa. Ces sœurs furent assassinées par la police politico-militaire du dictateur Rafael Trujillo surnommé « El Jefe » (Le Chef) qui, d’une main de fer et sans pitié, dirigea la République Dominicaine, de 1930 à 1961, avant d’être, à son tour, tué par des militaires ?  

Ancien délinquant notoire, Rafael Trujillo, intégrait l’armée pour en gravir tous les grades, avec l’appui des Américains. Devenu chef d’État-Major, il opérait un coup d’État, le 26 février 1930, en faveur de Rafael Estrella Ureña, qu’il était censé arrêter. Il fut ainsi proclamé Président. Horacio Vasquez, le président renversé, fut contraint à l’exil. Le 24 mai 1930, Rafael Trujillo était élu Président et Rafael Estrella Ureña, président en exercice devint son vice-président. Un an plus tard, El Jefe, instaurait la dictature. Le 2 octobre 1937, Rafael Trujillo faisait tuer près de 30.000 ouvriers agricoles Haïtiens, la plupart à la machette (Le Massacre du Persil).

On le sait, les dictateurs ne comprennent presque jamais que des femmes déclinent leurs avances et refusent leurs relances. C’est ce que fit Minerva, la deuxième des trois sœur Mirabal, belle d’une remarquable beauté. C’est pour cela que le 25 novembre 1960, elle et ses sœurs étaient assassinées par des coups mortels à la machette. Il s’agissait de faire mal profond. Une violence inouïe, contre ces trois sœurs !

Mourir pour ses idées ! « Nul ne combat la liberté », affirmera Marx. Elles, elles étaient jeunes, belles et militantes ardentes de la gauche dominicaine. En effet, « Avec les morts de la jeunesse, dit Rilke, étrangement, voisine le héros ». Sans doute les Sœurs Mirabal eurent pu reprendre le mot fameux de Socrate après sa condamnation à mort : « Anytos et Mélétos peuvent me tuer, ils ne peuvent me nuire ». Les « Papillons » ont certes été assassinés par Trujillo, mais elles lui survivent intactes. En 1981, les femmes militant contre la violence retenaient la date de leur assassinat. Dix-huit ans plus tard, les Nations Unies choisirent également cette date pour la Journée mondiale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Le combat continue. Il est des violences silencieuses, mais aux blessures aussi profondes que les machettes de Trujillo. Elles ont lieu dans les foyers, les administrations, les entreprises ou encore dans les quartiers, où des femmes sont humiliées et parfois doivent donner de leur corps pour tant de petits Trujillo. Chaque jour, en France, deux femmes meurent, sous les coups de leur époux.

Femmes manifestant à Saint-Denis (novembre 2014) (D.R)

C’est en souvenir des « Papillons » que, dans une vingtaine de langues, les femmes de l’Île Saint-Denis se tenaient debout sur le parvis de leur mairie le samedi dernier. Des Sœurs Mirabal à Titina Sylla et Angela Davis, de toutes ces femmes qui en silence endurent les violences quotidiennes, est-il de plus juste combat au monde que celui des femmes pour leur intégrité, leur dignité et leur liberté ?

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