En Afrique, la France est « périmée »

Par Pierre Franklin Tavares|19 septembre 2022|Actualités, Monde

Comprendre la crise entourant la présence française en Afrique

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En Afrique, même en Afrique noire francophone, le temps de l’omnipotence française est passée. Et pourrait bientôt être « dépassé ». Un autre et nouveau cycle de temps politique s’est ouvert, impulsé par un irrésistible rouleau compresseur : « le sentiment anti-français », qui s’étend irrémédiablement. Pour lors, aucune parade à l’expansion de ce phénomène. Rien n’y fait. Car un fait inattendu s’est produit : la France n’impressionne plus en Afrique noire. Plus frappant, par un subite retournement, ce sentiment là d’hostilité désormais prend faucon pour coucou. Ainsi, parce que la France n’y rayonne plus, elle paraît être entrée dans une phase de lente extinction, qui se mesure à une double aune : les dernières accusations directes proférées publiquement par le président Emmanuel Macron contre les puissances rivales, qui vaut comme la reconnaissance à peine voilée d’un affaissement géopolitique, et, l’absence totale d’un projet politique aussi cohérent que solide en rupture complète avec les pratiques antérieures ayant précisément conduit à cet affaissement.
La France saura-t-elle et pourra-t-elle s’y régénérer ? Rien ne permet d’annoncer une réponse catégorique, tant le lien entre connaissance et volonté semble perdu. Pour autant, il est évident que la France doit s’adapter, si jamais elle entend penser et veut espérer maintenir une présence qui lui soit convenable et tout autant acceptable pour l’Afrique noire. Tout tient dans cette vive tension entre le convenable et l’acceptable. D’autant que, nulle autre part ailleurs en Afrique, autant que nous le sachions, il est fait état d’un quelconque sentiment anti-américain, ou antibritannique, ou anti-portugais, qui soit d’une intensité égale. C’est pourquoi « le sentiment anti-français » est à la fois singulier et exceptionnel. Il est, de fait, une singulière exception.

Acte général de la conférence de Berlin de 1885

Date : 26 février 1885.
Objet : La conférence qui réunit à Berlin les représentants de 14 pays européens, de novembre 1884 à février 1885, a pour objet de régler pacifiquement les litiges relatifs aux conquêtes coloniales en Afrique. L’Allemagne, qui ne s’est pas engagée dans la politique de colonisation joue les médiateurs et plaide en faveur de la liberté du commerce et de la navigation, notamment dans le bassin du Congo et celui du Niger. L’Acte final fixe les règles de la colonisation de l’Afrique et impose le principe de l’effectivité pour reconnaître une annexion.


Au nom de Dieu Tout-Puissant,Sa Majesté l’Empereur d’Allemagne, Roi de Prusse, Sa Majesté l’Empereur d’Autriche, Roi de Bohème, etc., et Roi apostolique de Hongrie, Sa Majesté le Roi des Belges, Sa Majesté le Roi de Danemark, Sa Majesté le Roi d’Espagne, le Président des États-Unis d’Amérique, le Président de la République Française, Sa Majesté la Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et d’Irlande, Impératrice des Indes, Sa Majesté le Roi d’Italie, Sa Majesté le Roi des Pays-Bas, Grand Duc de Luxembourg, etc., Sa Majesté le Roi de Portugal et des Algarves, etc., Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies, Sa Majesté le Roi de Suède et Norvège, etc., et Sa Majesté l’Empereur des Ottomans,

Voulant régler, dans un esprit de bonne entente mutuelle, les conditions les plus favorables au développement du commerce et de la civilisation dans certaines régions de l’Afrique, et assurer à tous les peuples les avantages de la libre navigation sur les deux principaux fleuves africains qui se déversent dans l’océan Atlantique; désireux, d’autre part, de prévenir les malentendus et les contestations que pourraient soulever à l’avenir les prises de possession nouvelles sur les côtes de l’Afrique, et préoccupés en même temps des moyens d’accroître le bien-être moral et matériel des populations indigènes, ont résolu, sur l’invitation qui leur a été adressée par le gouvernement impérial d’Allemagne, d’accord avec le Gouvernement de la République Française, de réunir à cette fin une Conférence à Berlin, et ont nommé pour leurs plénipotentiaires, savoir :

(Suivent les désignations.)

Lesquels, munis de pleins pouvoirs, qui ont été trouvés en bonne et due forme, ont successivement discuté et adopté :

1° Une déclaration relative à la liberté du commerce dans le bassin du Congo, ses embouchures et pays circonvoisins, avec certaines dispositions connexes ;

2° Une déclaration concernant la traite des esclaves et les opérations qui, sur terre ou sur mer, fournissent des esclaves à la traite ;

3° Une déclaration relative à la neutralité des territoires compris dans le bassin conventionnel du Congo ;

4° Un acte de navigation du Congo, qui, en tenant compte des circonstances locales, étend à ce fleuve, à ses affluents et aux eaux qui. leur sont assimilées, les principes généraux énoncés dans les articles 108 à 116 de l’acte final du Congrès de Vienne et destinés à régler, entre les puissances signataires de cet acte, la libre navigation des cours d’eau navigables qui séparent ou traversent plusieurs États, principes conventionnellement appliqués depuis à. des fleuves de l’Europe et de l’Amérique, et notamment au Danube, avec les modifications prévues parles traités de Paris de l856, de Berlin de 1878 et de Londres de 1871 et de 1883 ;

5° Un acte de navigation du Niger, qui, en tenant également compte des circonstances locales, étend à ce fleuve et à ses affluents les mêmes principes inscrits dans les articles 108 à 116 de l’acte final du Congrès de Vienne;

6° Une déclaration introduisant dans les rapports internationaux des règles uniformes relatives aux occupations qui pourront avoir lieu à l’avenir sur les côtes du continent africain.

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