Le jeune Hegel, lecteur de l’abbé Raynal

Par Pierre Franklin Tavares|10 mai 2013|Actualités, Culture, France

En cette journée commémorative de l’abolition de l’esclavage en France, je vous propose la lecture de mon intervention consacrée au jeune Hegel et l’abbé Raynal lors d’une conférence au Collège de France en janvier 1996.

 

(Anne Louis Girodet de Roucy Trioson,1797)

Jean-Baptiste Belley, 1er député noir de Saint-Domingue (Anne Louis Girodet de Roucy Trioson,1797)

Il y a trois cents ans, naissait Thomas-Guillaume Raynal, plus connu sous le nom de l’abbé Raynal. Cette année, la commémoration de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises a conduit les institutions, notamment l’Assemblée nationale, à rendre un hommage appuyé et mérité à l’abbé Raynal (Le Tricentenaire de la naissance de l’abbé Raynal). On ne peut penser l’abolition de l’esclavage, sans son œuvre littéraire majeure, Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, dont le titre écourté est Histoire des Deux Indes. Ce fut le premier véritable ouvrage anti-esclavagiste qui, dès sa parution en 1772, sera un succès de librairie et aussitôt interdit par le roi et condamné par la Sorbonne, de même que ses rééditions.

L’impact intellectuel et politique de cette publication fut considérable en Europe. Dans l’article qui suit, « Le jeune Hegel et l’abbé Raynal »,  est mis au jour la profonde influence que la lecture de l’Histoire des Deux Indes eût sur l’esprit le plus brillant des Lumières, Hegel. C’est durant son séjour à Berne, comme précepteur dans la famille du capitaine von Steiger, que le jeune Hegel aura accès à l’ouvrage de Raynal. Ainsi est-il conduit à remanier sa conception de l’esclavage antique et, dans le même mouvement, à condamner en des termes d’une extrême sévérité et l’esclavage moderne et la traite atlantique et le christianisme. On est frappé par la fermeté des convictions anti-esclavagistes et l’assurance des jugements du jeune Hegel, un des meilleurs spécialistes de la Révolution française et de la révolution des esclaves, à Saint-Domingue. Au reste, nul ne peut correctement penser la fameuse « dialectique du maître et de l’esclave » de Hegel ou comprendre l’appui décisif qu’il  apportera à l’insurrection des noirs de Saint-Domingue qui aboutira à la formation du second État d’Amérique, sans cet ouvrage qui lui fournit une matrice historique.

Ce texte, jamais publié, parait pour la première fois dans une version numérisée.

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