Je voterai Jean-Luc Mélenchon

Par Pierre Franklin Tavares|14 avril 2017|Actualités, France

Il y a bien longtemps, en France et plus encore sous la 5ème République, que les élections présidentielles n’avaient donné lieu à de si vifs affrontements démocratiques entre les classes sociales, par les candidatures de leurs représentants. C’en est, sans doute, le trait marquant, et bien plus que la violence des « affaires » François Fillon et Marine Le Pen.

Ainsi, chaque projet et son programme reflètent des intérêts de classes. Sous ce rapport, le vieux pays semble avoir repris ses réflexes politiques nés de la Révolution de 1789 : le clivage gauche – droite. D’un côté, à droite, la bourgeoisie financière, dont Emmanuel Macron est le représentant, est aux abois, parce qu’elle n’est pas parvenue à éliminer la bourgeoisie industrielle qui a placé ses intérêts de classe dans la candidature de François Fillon.

Ces contradictions entre bourgeoise industrielle et bourgeoisie financière ont longtemps été masquées par l’omnipotence du Parti socialiste, au sein duquel les intérêts de ces deux fractions étaient préservés. Or, en cinq ans de mandat, François Hollande et Manuel Valls ont rendu « inutile » le Parti socialiste. La bourgeoisie financière ne leur demandait pas tant. En tous les cas, cet effondrement socialiste a rendu possible et manifeste l’affrontement entre ces deux bourgeoisies.

Nous continuons de penser que, le 23 avril 2017, la bourgeoisie industrielle l’emportera sur la bourgeoisie financière. François Fillon sera qualifié pour le second tour du 7 mai 2017. La droite a son candidat que la bourgeoisie financière s’empressera de rallier.

De l’autre côté, à gauche, la percée tardive mais fulgurante (prévisible) de Jean-Luc Mélenchon vient troubler les calculs de ces deux bourgeoises (financière et industrielle) si fortement opposées entre elles. Au demeurant, s’il avait eu deux semaines supplémentaires de campagne ou si cette campagne n’avait pas été (volontairement) escamotée par le Pénelopegate (affaire Fillon), Jean-Luc Mélenchon eut à coup sûr obtenu de très grandes chances d’être qualifié pour le second tour. C’est pour cela que, selon cette perspective, il est engagé et mène une course méthodique contre la montre électorale avec ce formidable pari politique : réussir en dix (10) jours (du 13 au 23 avril), là où il lui en faudrait trente (30).

Aussi, sur sa gauche, après avoir convaincu l’électorat communiste et réussi à vampiriser partiellement Benoît Hamon, il s’efforce, à présent, sur sa droite et avec quelque succès, de siphonner Marine Le Pen dont la flèche, quand bien même est tendu son arc, ne reste qu’une « impossible promesse d’envol ». En outre, sur la base d’un haut verbe gaullien (intonation et références), il a entamé le grignotage de l’électorat gaulliste-social de François Fillon. Son axe républicain est donc une adéquate ligne de forces.

Faut-il le faire remarquer, cette capacité à mettre à profit les contradictions internes entre les deux bourgeoisies, à rassembler sous sa bannière le peuple de la gauche classique (communistes et socialistes) et à attirer à lui les gaullistes de gauche, tout cela, bien évidemment, c’est du Mitterrand ! Jean-Luc Mélenchon en est même le seul héritier technique.

En reprise de toutes les considérations précédentes, je voterai donc Jean-Luc Mélenchon, le 23 avril prochain, en fondant mon choix sur quatre grands ordres de raison. Le premier tient au fait essentiel que le clivage gauche – droite n’est pas seulement un marqueur déterminant, il est salutaire pour régénérer la République si malmenée ces dernières années. On peut édicter une maxime : moins ce clivage est fort, plus le Front National progresse. Il faut donc en sortir. Le deuxième consiste en ceci, ce clivage confère mécaniquement un leadership à la France sur la scène internationale. Elle doit retrouver cette vocation historique. Le troisième est l’effacement politique de la gauche, qui reste l’un des plus grands périls pour la démocratie française. La gauche dit avoir son candidat. Le quatrième ordre de raison réside dans le fait que plus ce clivage est fort, moins il y a de pauvres. Car la redistribution de richesses (transfert net de redistribution) consolide la Nation.

En conséquence de quoi, j’appelle tous les membres de mon mouvement politique, mes amis et autres concitoyens à faire de même. J’invite les Français de la diaspora à donner une chance à Jean-Luc Mélenchon, pour que la gauche soit présente au second tour.

Partager cet article: