Quand le maire d’Épinay réside à Enghien : le sens d’une fuite

Par Pierre Franklin Tavares|5 septembre 2013|Billet citoyen, Ma ville : Épinay 93

Le titre de cet article tire son fonds d’un fait inédit récemment divulgué : depuis plus d’une année, le maire d’Épinay-sur-Seine a déménagé à Enghien-les-Bains. Il n’est plus Spinassien mais Enghiennois.

La chose a paru si stupéfiante et incongrue que nous avons d’abord songé à un canular d’opposants ou à une malveillante rumeur. Mais les témoignages fusent et concordent. Les « anciens » voisins déclarent que sa villa, à Épinay-sur-Seine, est close depuis bien longtemps. Et, comme dans les fables grecques, les roseaux du lac d’Enghien répètent ce secret que le barbier du roi Midas n’avait pas su garder. L’information fait le « buzz » ; les Spinassiens sont indignés ; des paparazzi locaux mitraillent l’immeuble cossu et font circuler des photos.

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Que le maire d’Épinay-sur-Seine prenne résidence hors de sa ville, cela constitue-t-il un vrai scandale, comme pierre d’achoppement ? Non, déclare en chœur la Droite spinassienne, d’après laquelle il ne s’agirait que d’une résidence secondaire, le domicile fiscal (Code civil, Art. 102 – 12) étant toujours à Épinay. En usant de ces arguties, la Droite locale se ment d’abord à elle-même, ment aux Spinassiens, et enfin, plus grave encore, affiche sa méconnaissance de la distinction juridique entre résidence principale et résidence secondaire. que la loi détermine par deux critères principaux : l’intention d’installation dans un logement et la durée d’occupation du logement visé. Autrement dit, lorsqu’un individu ou un ménage, qu’il soit propriétaire ou locataire, occupe plusieurs logements, n’est qualifiée comme résidence principale que le logement dans lequel il réside le plus de temps.

Lac d’Enghien-les-Bains (D.R)

Toutes ces définitions et précisions sont capitales, parce qu’elles délimitent les enjeux de toute résidence et ont une portée juridique, fiscale, politique et sociale. En effet, la résidence principale permet de déterminer certains impôts (taxes foncières, impôts locaux, parfois impôts sur le revenu, etc.) mais également l’inscription sur les listes électorales.

Tout d’abord, comme il est attesté que le maire d’Épinay-sur-Seine a sa résidence principale à Enghien-les-Bains, où s’acquitte-t-il de ses impôts locaux ? S’il le fait à Enghien-les-Bains, ce serait un comble pour les Spinassiens. Ensuite, sa résidence principale à Enghien-les-Bains lui ouvre l’accès à certains droits, tel que le rattachement scolaire ou les crèches pour ses enfants dans un établissement enghiennois. On pourrait ainsi donner cent exemples de ce type de difficultés auquel renvoie son choix de devenir Enghiennois.

Sous ce choix se dissimulent aussi les intentions sociales de ce « mal français » que pointait Jean de La Fontaine. Car habiter Enghien-les-Bains donne l’illusion de « se croire un personnage ». C’est qu’en choisissant de résider de manière principale à Enghien-les-Bains, ce maire fait  l’option d’un environnement social et urbain distinct de celui d’Épinay-sur-Seine : tranquillité, sûreté, cadre de vie, services. Bref, il va chercher à Enghien-les-Bains ce qu’il n’espère pas trouver à Épinay-sur-Seine, une ville qu’il dirige depuis une douzaine d’années. Quel aveu d’échec !

Le maire d’Épinay-sur-Seine brise les usages, qui font qu’un maire a le devoir d’habiter sa propre ville et (puisque le maire siège également à l’assemblée départementale) un conseiller général son canton. Il n’aura même pas choisi l’une des neuf villes qui composent la Communauté d’agglomération Plaine commune, et dont il est vice-président. Cela est politiquement inadmissible et moralement inconvenant. Et comme le maire, de nombreux élus municipaux de la droite spinassienne ont quitté le territoire de la commune pour des villes leur offrant plus d’avantages.

Épinay-sur-Seine continuera-t-il être dirigé par un habitant d’Enghien-les-Bains ? En attendant, force est de constater qu’à la tête du « clan » qui dirige la ville, le maire dresse son propre bilan et personne n’est plus sévère à son endroit que lui-même. Comme celle de Varennes, sa fuite est un aveu, tant les choses vont mal à Épinay. Et il y aussi dans cette fuite quelque chose de ce grand mépris propre aux « nouveaux riches », aux « parvenus », frappés du syndrome qui les éloigne des pauvres et des quartiers populaires desquels ils sont issus.

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