La revanche des « sans dents » et de Sens commun

Par Pierre Franklin Tavares|3 décembre 2016|Actualités, France

Les « Sans dents » ! Peu s’en souviennent, on les appelait, à l’époque (1997 – 2002) et de façon pudique, les « Nouveaux pauvres ». Lionel Jospin les marginalisera, par sa recherche obstinée de bons résultats macro-économies (Traité de Maastricht), au détriment des grandes questions sociales.

Sans état d’âme, les « Nouveaux pauvres » de l’époque ont éliminé Lionel Jospin, dès le premier tour des élections présidentielles de mai 2002, en qualifiant Jean-Marie Le Pen. Un an plus tôt, nous affirmions que cette élimination était inéluctable.

Depuis la fin des années 90, les « Nouveaux pauvres » ont vu leur nombre considérablement augmenter, au point de former à présent un « groupe social » à part entière. Ce sont eux que François Hollande, toute pudeur rejetée et raillerie sans vergogne, rebaptisera les « Sans dents », après qu’ils aient fait l’objet du mépris doctrinal de Terra Nova .

Les anciens « Nouveaux pauvres » sont précisément les nouveaux « Sans dents ». Ce sont eux qui, par leur abstention ou leur vote Le Pen, ont retiré tout crédit politique à François Hollande, au point de le contraindre à ne pas représenter en mai 2017. C’est le début de leur grande revanche.

Au reste, la froide colère des « Sans dents » est aux Socialistes, ce que la révolte de « Sens commun » est aux Républicains. Ces deux forces sociales, les « Sans dents » et Sens commun, ont désormais engagé (par leur mobilisation) une profonde et « inattendue » mutation politique, à partir de la société civile… et non plus des partis politiques ou des syndicats.

Le centre et les centristes (UDI, Modem et En Marche) ne sont plus audibles. La Primaire de la droite l’a mis en évidence. Qui peut croire que l’UDI et le Modem préfèreront Emmanuel Macron à François Fillon ?

En tous les cas, Nicolas Sarkozy s’est trompé, en croyant que l’identité française était uniquement culturelle ou « gauloise », alors que François Fillon a pris le risque d’affirmer qu’elle est d’abord cultuelle, c’est-à-dire chrétienne en son fond. Et il a emporté la mise. François Hollande, de son côté, n’a rien compris à la problématique de l’identité française. Lorsqu’il s’en est aperçu, trop tard, sa seule proposition fut la « déchéance de nationalité » : une erreur magistrale parmi tant d’autres. Pauvre Hollande, dents pleines mais quelle humiliation : ne peut plus pouvoir montrer les siennes !

Les « Sans dents », eux, attendent encore leurs dentistes.

Jean-Pierre Mignard, le compère de François Hollande et de Ségolène Royal, vient de choisir Emmanuel Macron pour les prochaines présidentielles. Un choix absurde ! Car les « Sans dents » et « Sens commun » ont durci les choix politiques : à droite toute, pour la Droite et l’extrême-droite, et, à gauche toute, pour la gauche, mais avec un Parti socialiste qui, comme le disait Dominique Strauss-Kahn, est un « astre mort ». Et ce, pour quelque temps encore. La « Hollandie » n’a pas vu venir cette radicalité électorale, tant sa foi en Terra Nova est grande.

Elle en paye la facture.

La prochaine étape de la révolte des « Sans dents » : Manuel Valls, le grand escamoteur social, l’ami intime et fier des tyrans africains et le défenseur du Medef (patronat). Il est le grand diviseur de la gauche française. Si jamais il était le candidat des socialistes, il les emportera dans sa débâcle.

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