A nos âmes dans le chatoyant jardin
À Louisia et Marie-Françoise, mes deux sœurs, traduire leurs sentiments… et les miens
Souvent aux heures incandescentes du soir, lorsque sombre le temps,
En une touche quantique mes yeux sublimés intriquent
Et les forges éteintes du jour embrasent orange et pourpre,
Comme prennent feu et chantent les vérandas du ciel ;
Alors, ô compagnons éveillés d’Elis, je me ramentevois de Vous,
Nombre nombreux, que je n’ai pas connus :
Âmes et Images, sœurs jumelles et ailes battantes de l’éternité.
Se peut-il que des dieux impunément aux frères dérobent les leurs ?
Mais c’est le Ciel qui nomme et interpelle.
Puis habite l’homme là où s’abritent les peines.
Mes Ombres, clartés aimées :
Célestine, Daniel, René, Marie-Joëlle et Frédéric !
Oh Peimpa, fiancée du chagrin, tes malheurs infinis et lourds,
Toi, l’accablée
Du dieu premier de la tristesse et des ombres, Achlys,
Et Vous, âmes trop tôt pétries sans corps partis, chapelet ultime de son calvaire premier,
Qui entre Hypnos et Moros tenez depuis longue demeure,
Elle a bâti pour y mourir à vos côtés le séjour des souffrances.
Et le coup fatal d’Oléthros : Sergeï !
Je vous revois en photos jaunies qui vous gardent en ce monde.
Mais parfois aussi, lorsque du Sous-Venir s’épanchent les effluves,
Et que s’ouvrent semblables aux fleurs quand s’égrènent les féconds instants
Le ciel, de toute force, m’arrache de la terre vers les nuées
Et j’offre de ne pas résister au transport,
Ô frères et sœurs perdus, en votre absence,
Les grâces accordées de l’Attente
Tandis que s’écoulent les Heures appropriées,
Nous jouons Ombres joyeuses aux joies enfantines des retrouvailles fraternelles.
J’entends encore la tinte des pas et des cris de vos courses dans les bocages divins,
Et jette aussi regard heureux sur vos bonds par-dessus les haies du chatoyant Jardin.
Derrière, un champ propice court vers de vertes prairies,
Un cavalier rapide à la blanche monture passe et s’émeut !
Mais il crie : « Jean », confident de Momos,
Qui partage avec tous les odorantes pocanelles du maternel attier.
Comme le Fils de l’Homme, en genre et à l’égal de son Père,
Qui se sous-vient pour que toute mémoire lui apparaisse.
Ô frères défunts, vous voilà !
Le Sous-Venir tout seul comme aucun dieu peut tout,
Mêlant terre et souffle ensemble, ainsi ont-elles été faites.
Mes Ombres, Âmes et Images, nous voir, à nouveau,
Parmi les grâces et les charmes célestes,
Belle et bruyante alors sera la tablée familiale !
Sous-Venir : Tout, pour toujours, demeure intact.
Dr Pierre Franklin Tavares, Le Livre II des Sodades
Bourg-la-Reine, 11 octobre 2024