Manuel Valls ou le « Margitès » de la droite

Par Pierre Franklin Tavares|26 février 2016|Actualités, Billet citoyen, France

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Il est des personnages du théâtre et de la littérature comiques qui ont marqué la tradition. Margitès en fait partie. Son patronyme signifie « fou » (grec ancien) mais il désigne plutôt la sottise de ce personnage dont les aventures ont donné lieu à un ouvrage perdu, le Margitès, indument attribué à Homère.

Selon Aristote, le Margitès, est l’une des sources principales de la Comédie occidentale. Et Platon a brossé de ce héros comique un portrait ironique qui tient en une phrase célèbre : Margitès « savait faire beaucoup de choses, mais pas une comme il faut ». Et, des actions de Margitès, il résultait toujours des catastrophes. Alors, à plus de deux millénaires de distance, comment ne pas songer à Manuel Valls ?

Car il n’est rien que notre Premier ministre n’ait accompli sans susciter des catastrophes politiques, à gauche notamment, et qui l’ont toujours conduit, soit à se dédire ou à renier ses positions initiales, soit à abandonner ses actions comme si de rien n’était. De sorte que si Manuel Valls engage beaucoup d’actions il n’en a jamais conduite une seule à bonne fin. D’autant que, à chaque initiative, il engendre des confusions à gauche.

En somme, il agit tous azimuts sans parfaire ou parachever la moindre action. C’est même l’une des caractéristiques de sa gouvernance et sans doute le trait principal de sa personnalité. Au fond, son bilan politique est fort maigre et tient plus de la cacophonie que de l’action mûrement préméditée. C’est que tout, chez lui, est improvisé. Et une fois l’improvisation engagée, il n’est d’autre solution que l’entêtement ou le retournement. On comprend dès lors pourquoi entêtement et retournement alternent constamment.

Il a improvisé à coups de tambours la double réformette du programme scolaire portée par la ministre de l’Éducation nationale, Najate Vallaud-Belkacem, où l’un et l’autre se sont révélés être de véritables improvisteurs . Il en reste bien peu aujourd’hui.

Il a fait sonner les trompettes sur l’état d’urgence. Est-il si sûr que les Français soient mieux protégés hier qu’aujourd’hui ?

Il a engagé, verbe haut et sourcils froncés, l’équivoque débat sur la déchéance de la nationalité au cours duquel il n’a eu de cesse de changer de position jusqu’à la confusion la plus grande. Au plus vif du débat, personne n’était à même de préciser la position de Manuel Valls. Qui peut dire ce qu’il en restera, dans les semaines qui viennent, de cette malheureuse et inefficace initiative ? Le Front National s’en félicite et a trouvé un porte-voix. Comment pourrait-il en être autrement, quand Manuel Valls habitue l’électorat aux idées nauséabondes.

Il s’est évertué à flatter le Medef jusqu’à lui confectionner un inouï projet de Code de travail que sa ministre de l’emploi, Myriam El Khomri, porte comme une comédie. Mais qui peut tabler qu’il ne se reniera pas dans les jours qui viennent ? Pour lors, il est le champion du Medef.

Il désavoue, en Allemagne même, la Chancelière allemande sur la question des réfugiés qu’il confond avec la problématique de l’Immigration. Pegida (Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident) a trouvé un allié et applaudit !

Bref, Manuel Valls se croit iconoclaste, il se perçoit comme un novateur voire même « moderne », alors même que, en toute matière publique, il n’a jamais fait que ressortir les vieilles recettes de la droite et préfère combler l’extrême-droite.

Et lorsque la droite applaudit à ses « exploits », il ne comprend pas que la raison en est simple : il est le Margitès de la droite qui, alternant entêtement et retournement, noue le vœu secret de combler les attentes politiques de la droite dure et de l’extrême-droite.

Toute sa politique gouvernementale s’apparente à un poème comique : sottises et catastrophes. Est-il dès lors étonnant que ce soit l’humoriste Nicolas Canteloup qui l’ait le mieux saisi, dans ses caricatures radiophoniques ?

Le pire, dans cette comédie est que, d’une part, il soit parvenu à faire du Président de la République le Jéroboam de la gauche, et, d’autre part, qu’il ait réussi à saborder la gauche. Peut-être même sans le savoir, tant il paraît convaincu que son action est de gauche. Tel est notre Margitès, un personnage qui traverse les siècles !

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